Un sanglier malchanceux...
Par une belle journée d'automne, nous décidons, mon ami Manu et moi-même de partir faire un tour aux lapins... Mes copines, fauve de Bretagne, font des infidélités à leur maître en me faisant une fête énorme à mon arrivée... Elles savent parfaitement ce qui va suivre, quant je débarque dans cette tenue, qu'elles reconnaissent si bien...
Dans ce petit coin de Drôme, le terrain que nous chassons ce matin, est à flan d'une colline et se compose d'une végétation de chêne sous forme de taillis, et de plusieurs parcelles défrichées, reliées par des chemins, et qui permettent à nos garennes de venir grattouiller, et se régaler de jeunes pousses vertes, lorsque la saison s'y prête... Ces parcelles de 150m de long sur 30 m de large ont été réalisées par l' A.C.C.A, dans le but de favoriser l'implantation de garennes artificielles et naturelles, et donc le développement du lapin de garenne, si agréable à chasser avec un petit courant...
Bref, ce jour là, Manu est équipé de son arc, qu'il ne quitte d'ailleurs, plus du tout, et moi de mon fusil, car un vieux compound de 70 livres au lapin, c'est plus que du sport... Bref, la matinée s'annonce sympathique, le ciel est dégagé, normal, on a encore et toujours notre cher Mistral qui balaye les nuages...
Nikki et Toupie mènent très vite leurs premiers lapins, qui courent sous l'épaisse protection que leurs procure la végétation dense. Les menées s'enchainent mais le pied n'est pas terrible, et rien n'aboutit vraiment. Pour le moment, nos nobles amis "de" garenne semble pouffer de rire, et s'amuse à tourner en rond, se rendant invisible à nos yeux.... Une histoire à rendre les chiennes folles...
Sur la colline, au dessus de nous, j'aperçois, un gilet fluo, je me signale, en agitant ma casquette ... Il s'agit de l'équipe de l' A.C.C.A. qui chasse le sanglier, sur le même pan de colline et qui monte tout de même assez haut... Je chasse de temps en temps avec eux, mais pas aujourd'hui... Je salut l'ami à distance qui répond à mon coup de casquette en me reconnaissant...
J'imagine, le chef de battue en train de pester après "les chasseurs de lapin" et leurs chiens qui déplacent bien malgré eux, les bêtes noires convoités... En effet, sur ce secteur de quelques dizaines d'hectares, les sangliers, ayant oublié d'être complètement idiots, changent de coin et se réfugient rapidement sur les sommets dés qu'ils entendent les premières menées... Chance pour l'équipe, nous sommes arrivées après les postiers...
Finalement, Nikki et Toupie ne trainent pas longtemps dans nos pattes, et se lancent dans une menée dont le qualité sonore n'a pas d'égal à mes yeux.. J'aime particulièrement ces deux petits bouts de chienne... Elles semblent foncer droit vers le sommet, la hargne au ventre, et à toute vitesse, comme elles savent le faire... Puis plus rien..... Vu la rapidité de la menée, il s'agit peut être d'un chevreuil, ou d'un lièvre, mais vraisemblablement pas d'un lapin... Comme tout chasseur habitué au courant, nous commençons à prendre notre mal en patience vu la végétation partiellement infranchissable, en attendant le retour, des deux excitées, qui, nous le savons, reviendrons d'un moment à l'autre....
Tout à coup, une menée arrive droit sur nous... Ce ne sont pas les voies de Nikki et Toupie, mais celles des chiens de l'équipe qui est au sanglier, plus gorgées, les voies des grands courants, en sont plus impressionnantes... Oups.... Que fait t'on ???
Délicate décision, entre l'envie de s'imposer dans la battue et celle de laisser passer en respectant les postiers qui attendent... Je décide de me rendre dans la parcelle ou j'ai une chance de voir... La menée semble partir vers la gauche, ce qui à mon sens signifie que le sanglier va quitter le domaine pour rejoindre le territoire de l' A.C.C.A voisine... Je décide donc de donner un coup de main à l'équipe (bon c'est vrai, ça me démange..) et me place à l'angle de la parcelle la plus proche en espérant au moins voir courir un sanglier... Je change mes cartouches de 7 pour deux balles sauvestre et j'attends... Manu est resté en contrebas pour attendre les chiennes ...
Soudain, un craquement caractéristique me procure la montée d'adrénaline, tant recherchée, ... Les grands courants ne sont plus qu'a une centaine de mètres... Et l'agitation qui est décelable dans le taillis à moins de 20 m, me procure une intense émotion... Sortira ou sortira pas...
La scène qui dure quelques secondes me paraît une éternité.. puis je vois le nez d'un joli petit mâle sortir du taillis...
Après avoir juste laissé dépasser son groin. Il avance d'un seul coup, et se découvre, prés à prendre le départ d'un 100 m. Je vis cette scène avec une telle intensité que je n'entends pas le claquement de mon ultra-light, qui assoit le sanglier au moment ou il s'élance.... net... La balle est entrée à hauteur du cou et semble avoir sectionné la colonne de l'animal... Je le sers immédiatement d'un balle dans l'oreille après m'être approché.
J'appelle Manu et encore sur le coup de l'émotion, lui crie qu'il y est ... Je prends mon portable pour prévenir le piqueur et attache les chiens qui arrivent en hurlant... avant le silence... Connaissant bien les battues dans ce coin, j'étais pratiquement sûr que la menée était perdue pour l'équipe... Mais après coup, je me suis tout de même demandé si certains n'allait pas m'en vouloir... Heureusement, ça n'a pas été le cas... et j'ai bien entendu remis, avec reconnaissance, la bête à l'équipe...
Voilà, après quelques photos d'usages, nous avons attendu les chiennes qui sont arrivées un peu plus tard... Certain pourront critiquer mon comportement, et j'avoue, qu'ils auront en partie raison, on ne devrait pas tirer une bête menée par une équipe, lorsque l'on n'est pas posté. Mais je précise, à leur intention, et par besoin de me justifier, que je pensais sincèrement cette bête perdue pour l'équipe...
Bien à vous...
mais ou est il ? ? ?